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mercredi 6 mai 2020

Le lendemain de la mort de l'Empereur, par Christian Fileaux

Beaucoup d'âneries ont été écrites sur la mort de Napoléon et les jours qui ont suivi, générant une multitude de divagations qui ont eu pour mérite principal de faire vendre du papier.
Le texte ci dessous a été rédigé par Christian Fileaux, ancien président du Souvenir Napoléonien, qui se base sur des écrits d'origine, vérifiés, ce qui a le mérite de restituer la vérité des faits.
Le texte est assez long, vous pouvez prendre le temps de le lire, ou l'enregistrer et même l'imprimer.


· A minuit, entre 5 et 6 mai, en présence de Bertrand et de Montholon réveillés, Marchand, Ali, Pierron et Noverraz procèdent à la dernière toilette de l’Empereur. Le corps lavé à l’eau de Cologne, la barbe rasée, est transporté sur le second lit de campagne qu’on place entre les deux fenêtres du salon, à la même place que le lit de mort. Le drap étendu sur lui laisse le visage à découvert. Antommarchi change de mentonnière. Vignali couche sur la poitrine le crucifix d’argent envoyé par Madame Mère. La plupart des meubles ont été enlevés. De chaque côté du chevet, on dispose de petites consoles sur lesquelles vont s’allumer les girandoles de la chapelle. (Octave Aubry - « Sainte-Hélène » - La mort de l’Empereur – Flammarion – 1925 – p. 59-60)

· « …Nous osions à peine toucher ce corps : il nous semblait qu’il possédait quelque vertu électrique. Nos mains qui étaient tremblantes ne le touchaient qu’avec un respect mêlé de crainte…Ô pouvoir de l’imagination. Et cependant cette enveloppe de l’Empereur tait froide comme le marbre. Aussitôt que le corps eut été rendu net et que Noverraz eut fait la barbe, nous le remîmes sur le premier lit qui avait été refait et placé entre les deux fenêtres comme précédemment… » (Saint-Denis - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 321)

· Marchand donne les détails du toilettage : « …Après avoir purifié son corps en le lavant avec de l’eau de Cologne mélangée d’eau naturelle, Noverraz malgré son état de faiblesse lui fit la barbe… Le docteur replaça la mentonnière que nous avions retirée pour la toilette funèbre ; l’Empereur dans cet état, l’Empereur avait sa figure de consul ; la bouche légèrement contractée, donnait à sa figure un air de satisfaction, il ne paraissait pas avoir au-delà de trente ans. Le calme de cette figure laissait plutôt croire au sommeil qu’à la mort. Si, dans ce moment, on eut pris son plâtre, il eut été beaucoup mieux que celui pris deux jours après, dont le caractère est vieillardé par l’affaissement des chairs qui alors étaient tendues… » (Marchand - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 321)

· Hudson Lowe fait avertir Montholon que depuis 1820, il a reçu l’ordre de ne pas laisser sortir de l’île la dépouille mortelle du général Bonaparte. Les exécuteurs testamentaires décidèrent de choisir, pour le lieu de l’inhumation, la fontaine Torbet, sur la proposition de Bertrand. Celui-ci rappela que lorsqu’il habitait Hut’s Gate, l’Empereur était venu un jour lui rendre visite. Il avait descendu assez difficilement la vallée qui plongeait devant l’habitation et se trouvait comprise dans le large cirque qu’on appelait « le bol à punch du diable », à cause de sa forme et de ses dimensions. Parvenu à une sorte de rebord, d’où l’on découvrait la mer, il s’était approché d’une fontaine, la fontaine Torbet, qu’on voyait sourdre au creux d’un vallon et qu’abritaient de leurs branches tombantes trois saules pleureurs. Il avait goûté un peu de repos et de fraîcheur dans ce creux solitaire que baignait une lumière douce de crépuscule et où régnait une grande paix silencieuse. En s’éloignant il avait dit à Bertrand : « …Si après ma mort, mon corps reste entre les mains de mes ennemis, vous le déposerez ici… » (Louis Garros – « Quel roman que ma vie » Ed. de l’encyclopédie française – Paris – 1947- p. 496-497) A 6 h, le gouvernement et les autorités sont entrés dans la chambre. A 14 h 30, on a ouvert le corps. A 16 h, on a habillé l’Empereur. Le public a défilé. (Jean Tulard et Louis Garros – « Napoléon au jour le jour » Ed. Tallandier – 2002 – p. 640)

· A 7 h, visite du gouverneur suivi de son état-major, de l’amiral Lambert et de Montchenu. Tous furent introduits dans le salon devenu chambre à coucher de l’Empereur où régnait un silence de mort ; l’abbé Vignali était en prières auprès du lit dont Pierron, Saint-Denis, Noverraz et Marchand occupaient les quatre coins. « …les comtes Montholon et Bertrand après avoir salué le gouverneur, l’invitèrent à s’approcher du lit où reposait la dépouille mortelle de l’Empereur. Suivi du marquis de Montchenu et des personnes qui l’accompagnaient, il s’en approcha lentement et dit au marquis de Montchenu, lui montrant de la main l’Empereur : - Le reconnaissez-vous ? – Le marquis de Montchenu fit d’abord un signe de tête, puis ensuite dit – Oui, je le reconnais – Après quelques instants de contemplation religieuse, ils se retirèrent…A 2 heures de l’après-midi, on procéda à l’autopsie ; une table recouverte d’un drap avait été préparée dans le billard… » (« Mémoires de Marchand » - Bibliothèque napoléonienne – Tallandier – Paris – 1991 – p.336-337)

· A 8 h, arrivée de Lowe escorté de l’amiral Lambert, du général Goffin, des médecins Shortt, Mitchell, Burton, Livingstone et Henry, de deux membres du Conseil de l’île MM Brooke et Greentree, du commissaire aux vivres Denzil Ibbertson, des capitaines Browne, Hendry et Marryat, ainsi que de l’enseigne Vidal, secrétaire de l’amiral. Il est également accompagné par Montchenu et Gors. Ils viennent pour constater de visu le décès. Ils sont reçus par Montholon et Bertrand. « …Je n’ai jamais vu un plus beau visage… » écrira Brooke ; Vidal quant à lui écrira : « …La tête était magnifique, d’une expression calme et douce, sans la moindre trace de souffrance… » ; Shortt : « …Dans la mort, sa figure était la plus splendide que j’aie pu contempler, elle semblait avoir été formée pour conquérir… » ; Henry : « …Chacun s’écria quand on le vit exposé – Qu’il est beau… » ; Montchenu lui-même : « …Je n’ai jamais vu un cadavre aussi peu défiguré ; tous ses traits étaient parfaitement conservés ; et sans sa pâleur on eût dit qu’il dormait…Ce qu’il y a de singulier, c’est que cinq médecins, il n’y en a pas un qui sache de quoi il est mort[1]… » Marchand écrit qu’à ce moment : « …Hudson Lowe proposa au docteur Antommarchi un de ses médecins habiles à prendre les plâtres, pour l’aider à prendre celui de l’Empereur. Le docteur Antommarchi répondit qu’il n’avait besoin que de plâtre et point d’aide pour cette opération… » Bertrand confirme : « …A 8 h, on devait faire le plâtre de la figure de l’Empereur, mais on n’avait pas ce qu’il fallait… »

· Emeric Essex Vidal, le secrétaire naval de l’ile, donne ses impressions : « …Je suis allé voir sa dépouille avec l’amiral, avant l’opération [d’autopsie] qui devait avoir lieu. Il paraissait plus endormi que mort ; et il n’avait pas non plus l’apparence d’un malade. J’ai été particulièrement frappé par son nez et sa bouche qui étaient beaux. Son aspect était placide et serein, et il y avait quelque chose de très noble et d’imposant. Si je n’avais pas connu son âge, j’aurais jugé qu’il n’avait pas plus que quarante ans… » (article paru dans le « Times » en date du 11 juillet 1821 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 322)

· « …A ma grande satisfaction, je fus désigné avec sir Thomas Reade, pour y assister officiellement… » (« lettres du major Charles Harrison au général Bingham » publiées dans « Cornhill Magazine » - février 1901 – « More light on St. Helena » citées par Joseph de Mougins-Rochefort - « Napoléon prisonnier, vu par les Anglais » - Tallandier – 1978 et 2006 – p.258)

· Après la visite des officiels, les dessinateurs furent admis dans la chambre du mort pour réaliser des croquis. Parmi eux, le capitaine Crokat, le commissaire aux approvisionnements Denzil Ibbertson, caricaturiste amateur mais d’un certain talent, le capitaine Frédérick Marryat, arrivé avec la flotte de Lambert et futur romancier à succès, ainsi que d’autres officiers et soldats. Le lecteur pourra retrouver la reproduction de ces croquis dans l’ouvrage de Bruno Roy-Henry – « Napoléon, l’énigme de l’exhumé de Sainte-Hélène » - l’Archipel – 2003 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 322)

· En préparation de l’autopsie, qui devait avoir lieu en début d’après-midi, les domestiques disposèrent des matelas recouverts de draps sur une table installée dans la salle de billard. Ils y déposèrent la dépouille du défunt. L’opération commença, sans attendre le délai usuel de 24 heures après un décès, car la putréfaction faisait de rapides progrès. (Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 322)

· Du côté français, les personnes qui assistèrent à l’autopsie furent Antommarchi, Montholon, Bertrand, Vignali, ainsi que les domestiques Marchand, Saint-Denis, Pierron et Coursot. Du côté anglais, Thomas Reade, Crockat, le major Charles Harrison, ainsi que les médecins principaux Shortt et Mitchell, les médecins des 20e et 66e régiments, Arnott et Burton, accompagnés de leur assistant respectif, Rutledge[2], et Henry, et le médecin civil Livingstone. Au total, il y eut donc 18 témoins. Antommarchi, seul autorisé à toucher la dépouille mortelle, pratiqua l’ouverture, Rutledge l’assista cependant dans l’analyse des organes extraits. Henry prit des notes pour établir le procès-verbal officiel à la fin de l’opération. Ce rapport fut rédigé en anglais… » (Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 323)

· L’autopsie se termina à 16 h. Ali sans ses « Mémoires » écrit : « …Le drap sur lequel venait d’être faite l’opération était teint de sang dans beaucoup d’endroits, fut coupassé par la plupart des assistants et chacun en eut un morceau ; les Anglais en prirent la plus grande partie… » (p. 286)

· « …Extérieurement le corps paraissait très gras. Une première incision pratiquée de haut en bas, le long de la ligne médiane, a montré que le sternum était recouvert de plus d’un pouce et demi de graisse et l’abdomen d’un pouce et demi…Le cœur avait le volume ordinaire, mais il était chargé d’une épaisse couche de graisse…L’épiploon était extraordinairement gras… » signé : « …Arnott, Shortt, Mitchell, Burton, Livingstone… » (voir rapport du docteur Henry daté du 12 septembre 1823) (George Retif de la Bretonne – « Anglais rendez-nous Napoléon » -p. 41) Henry notera plus tard : « …De même que pendant sa carrière, il y a eu beaucoup d’inscrutable chez lui, de même après sa mort les restes de Bonaparte ont été une énigme et un mystère. Car malgré ses grandes souffrances et l’émaciation habituelle qu’amène la maladie qui le tua, son corps fut retrouvé extrêmement gras… »

· Après l’autopsie, Saint-Denis et Marchand procédèrent à l’habillement du corps : uniforme complet de chasseurs de la Garde impériale, chemise blanche, cravate de mousseline blanche et un col noir en soie par-dessus se rattachant derrière avec une boucle, bas de soie blanche, culotte de casimir blanc, veste de la même étoffe, uniforme vert à parements rouges des chasseurs de la Garde, décoré des ordres de la Légion d’honneur, de la couronne de fer, de la Réunion, de la plaque et du cordon de la Légion d’honneur, des bottes à l’écuyère et son chapeau avec cocarde tricolore. Ainsi vêtu, l’Empereur, à 16 h, fut porté dans son ancienne chambre à coucher que l’on venait de tendre en noir et de transformer en chapelle ardente ; un lit de campagne, celui dans lequel il est mort y avait été préparé, le manteau bleu de Marengo déployé sur le lit, le corps fut posé dessus. (« Mémoires de Marchand » - Bibliothèque napoléonienne – Tallandier – Paris – 1991 – p.339)

· Rédaction du procès-verbal constatant l’ouverture du corps de l’Empereur : « …Ce jourd’hui six mai mil huit cent vingt et un à Longwood, île de Sainte-Hélène, à sept heures du matin, l’état-major de la garnison a eu l’honneur de défiler devant le lit de camp sur lequel reposait le corps de l’Empereur Napoléon. A deux heures de l’après-midi, conformément à nos instructions, M. Antommarchi, son chirurgien ordinaire, assisté de plusieurs officiers de santé, a procédé, en notre présence, à l’ouverture du corps, il a été reconnu comme il appert par le procès-verbal ci-joint que la mort a été causée par un squirre cancéreux à l’estomac. Le cœur a été enfermé dans un vase d’argent pour être remis à l’impératrice Marie-Louise, en exécution des ordres de l’Empereur ; l’estomac ayant été mis de côté par les hommes de l’art pour constater la maladie, a été, par notre ordre, placé dans une boîte d’argent pour être déposé dans le cercueil. A quatre heures du soir, le corps de l’Empereur revêtu de l’uniforme des chasseurs de sa garde, a été replacé sur un lit de camp et exposé dans une chapelle ardente, les corps d’officiers, les principaux habitants ont eu l’honneur de passer devant lui. A cinq heures du même soir, le gouverneur de l’île nous a notifié qu’il avait ordre de faire inhumer l’Empereur Napoléon Sainte-Hélène, quels que fussent les désirs contraires qu’il aurait manifestés et que le cœur devait être renfermé dans le cercueil. Après avoir fait contre ces dispositions toutes les protestations en notre pouvoir, nous avons désigné la fontaine Torbett comme le lieu de l’île le plus convenable pour la sépulture ; Après quoi nous avons signé le présent procès-verbal, les jours et an que ci-dessous. Signé le comte de Montholon, le comte Bertrand, Marchand… » (« Mémoires de Marchand » - Bibliothèque napoléonienne – Tallandier – Paris – 1991 – p.342)

· Il y eut cependant une controverse au cours de l’autopsie, puisque Reade écrit à Lowe : « ...En ouvrant la partie inférieure du corps, où se trouve le foie, ils ont trouvé que l’estomac, à cause de son état très malade, adhérait au côté gauche du foie. Les messieurs du corps médical ont tout de suite et unanimement exprimé leur conviction que – l’état de la maladie de l’estomac était la seule cause de sa mort - on a retiré l’estomac et on me l’a montré. Ses deux tiers paraissaient dans un état horrible, couvert de substances cancéreuses et, tout près du pylore, il y avait un trou suffisant pour y passer le petit doigt à travers. Le foie a ensuite été examiné. Au moment où l’opérateur l’a retiré, le docteur Shortt a aussitôt fait remarquer – qu’il était agrandi – Tous les autres messieurs du corps médical ont formulé un avis opposé au sien, particulièrement le docteur Burton qui s’est franchement opposé à l’opinion du docteur Shortt. Le docteur Henry était également de l’avis du docteur Burton. Le docteur Arnott a dit qu’il n’y avait rien d’extraordinaire dans l’aspect du foie, qu’il pouvait être considéré agrandi, mais n’était certainement pas plus grand que le foie d’un homme du même âge que le général Bonaparte. Le docteur Mitchell a dit qu’il ne voyait rien d’extraordinaire, et M. Rutledge qu’il n’était certainement pas agrandi en dépit De toutes ces observations. Le docteur Shortt a persisté en disant – qu’il était agrandi -. Ceci m’a tellement frappé que je me suis avancé et ai fait observer de façon générale aux officiers médicaux qu’il me paraissait très important qu’ils fussent tous prêts à donner un avis décidé et rapide concernant l’état réel du foie, et j’ai recommandé un examen très attentif. Le docteur Shortt n’a plus fait d’observation, mais tous les autres messieurs m’ont répété leur opinion. A ce moment, le foie était entre les mains de l’opérateur et, devant mon désir évident de le regarder de près, il a aussitôt pris son couteau et l’a ouvert en le coupant d’une extrémité à l’autre. Il a fait observer : - Il est bon, parfaitement sain et sans rien d’extraordinaire – En même temps, il a fait observer qu’il pensait que c’était un foie de grande taille. Cette opinion ne semblait pas avoir été faite de la même manière que celle du docteur Shortt…Les comtes Bertrand et Montholon n’ont fait aucune observation au sujet du foie. L’estomac leur a été entièrement décrit et montré, et les messieurs du corps médical leur ont dit – que la partie malade de l’estomac était la seule cause - ; ils se sont déclarés satisfaits… » (« Lowe Papers » - ADD 20 133 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 325) Shortt fit cependant inclure une ligne dans le rapport d’autopsie : « …Le foie était peut-être un peu plus grand que normal… » (« Lowe Papers » ADD 20 214 – rapport d’autopsie, première version, 6 mai 1821 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 326) Le gouverneur va s’évertuer à convaincre le docteur Shortt de retirer cette phrase du rapport d’autopsie, lui expliquant qu’il avait peut-être mal évalué la taille du foie, et que les autre médecins étaient en désaccord. Shortt céda, mais dans ses archives, il avait conservé le rapport original sur lequel il biffa la phrase en question et indiqua en marge : « …les mots oblitérés ont été supprimés par ordre de sir Hudson Lowe… » (Arnold Chaplin- « Thomas Shortt with biographies of some other medical men associated with the case of Napoleon from 1815-1821 » - Stanley Paul and Cie – Londres – 1914 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 326)

· Bertrand note : « …Les médecins anglais se retirèrent. Ils traversèrent le salon où ils trouvèrent la comtesse Bertrand. Celle-ci demanda à l’un d’eux s’il ne serait pas possible de se procurer du plâtre propre à mouler la tête de l’Empereur et le conserver ainsi à sa famille et à la postérité ; le docteur Burton lui dit qu’il y avait du gypse dans l’île propre à en faire, qu’il allait en ville et s’occuperait de lui en procurer… » Marchand confirme le fait : « …Mme Bertrand, ayant eu l’idée qu’il serait convenable qu’on eût l’empreinte de la figure de l’Empereur, un médecin anglais, M. Burton était allé à la recherche de quelque pierre calcaire propre à faire du plâtre… »

· Le major Harrison formule des détails concordants avec ceux de Reade dans une lettre à George Bingham : « …La partie la plus intéressante, car elle était supposée être, le siège de sa maladie, était le foie ; mais à mon étonnement, il paraissait, et a été déclaré, aussi normal qu’un foie puisse l’être ; ils l’ont coupé à travers, et tout était parfaitement correct. La partie suivante à être examinée était l’estomac, et, du premier coup d’œil, il était évident que le siège de la maladie avait été découvert. Car il y avait un vilain trou à l’aspect noirâtre, et au travers duquel vous auriez pu passer votre doigt. Lorsque l’estomac a été découpé et rincé, l’ensemble est apparu dans un triste état et les personnes aptes ont simultanément déclaré qu’il avait un cancer de l’estomac, et c’était ce dont il était mort, que le climat n’y était pour rien, mais que c’était une maladie héréditaire, car il parait que son père en est aussi mort… » (Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 325-326)

· Bertrand reprit dans ses notes les conclusions officielles et releva le point défendu par Shortt : « …On a trouvé une vessie petite, ce qui devait obliger à uriner fréquemment, [quelque chose] au cœur, ce qui devait rendre la circulation plus lente, un défaut de conformation au rognon gauche ; enfin ce qu’il y avait de plus remarquable était l’estomac, le siège de la malade…L’estomac dans cette partie adhérait au foie, qui était devenu d’une grandeur un peu plus grande que la naturelle et un peu engorgé, quoique le procès-verbal anglais n’en ait pas fait mention… » (Bertrand 390 AP25, f. 66 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 326-327)

· A la fin de l’autopsie, Montholon communique à Reade la volonté du défunt de faire parvenir son cœur à son épouse : « …Longwood, 4 h du soir. Le docteur Shortt est parti à Plantation House et vous fera un compte-rendu de l’autopsie. Rien n’a été dit au sujet du cœur jusqu’à ce que le docteur Shortt ait ordonné que le corps soit recousu ; le comte Montholon est venu vers moi et a tellement insisté sur ce point que j’ai été obligé d’accepter qu’il soit placé dans un récipient et laissé sous la responsabilité particulière du docteur Rutledge, dans la même pièce que la dépouille. Le comte Montholon a donné sa parole d’honneur, de façon très nette, que rien ne sera fait à cet égard jusqu’à ce que vous ayez pris une décision à ce sujet. Il n’a fait aucune objection à ce que le docteur Rutledge reste sur place… » Antommarchi en profita pour exprimer le souhait de conserver l’estomac, afin de prouver en Europe que la maladie de l’Empereur était au-delà des soins qu’il pouvait apporter. Reade ordonna de déposer l’estomac dans un récipient, et s’en remit là aussi à la décision du gouverneur. Il confia à Rutledge la garde de la dépouille mortelle et des deux viscères, afin qu’Arnott pût enfin être relevé de ses obligations à Longwood. (« Lowe Papers » ADD 20 133 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 335)

· L’autopsie terminée, l’Empereur fut de nouveau revêtu de l’habit des Chasseurs de la Garde et exposé sur son lit de camp dans la chambre qui précédait sa chambre à coucher habituelle, et en face la porte-fenêtre s’ouvrant sur une petite chambre. Un crucifix fut placé sur sa poitrine. Marchand note : « …Nous[3] lui mîmes une chemise blanche, une cravate de mousseline blanche et un col en soie noire par-dessus, se rattachant derrière avec une boucle, des bas de soie blanche, une culotte de casimir blanc, une veste de même étoffe, l’uniforme vert à parements rouges des Chasseurs de la Garde, décoré des ordres de la Légion d’honneur, de la Couronne de fer, de la Réunion, de la plaque et du cordon de la Légion d’honneur, des bottes à l’écuyère et son chapeau avec cocarde tricolore… »

· « …Les régiments de la garnison et de nombreux détachements des équipages de l’escadre, en grande tenue, mais sans armes, ont défilé devant l’Empereur. Tous, officiers, soldats ou marins, ont mis le genou en terre au moment où ils se sont trouvés en face de la porte-fenêtre. Quelques officiers ont même sollicité l’honneur de porter leurs lèvres au coin du manteau de Marengo, dont nous avions recouvert les pieds de l’Empereur. Le Grand maréchal ; Marchand et moi entourions le lit de l’Empereur ; l’abbé Vignali était en prières au pied du lit… »

· « …Le cercueil qui devait recevoir l’Empereur étant arrivé, on l’y déposa ; le cœur, que d’après les ordres de l’Empereur, le docteur Antommarchi devait remettre à l’impératrice, y fut enfermé ainsi que l’estomac. Ces deux d’argent remplis d’esprit de vin, furent fermés hermétiquement et soudés par un plombier anglais et confiés à la surveillance du docteur Arnott qui ne s’en crut déchargé que lorsqu’ils furent déposés dans le cercueil… » (« Mémoires de Marchand » - Bibliothèque napoléonienne – Tallandier – Paris – 1991 – p.344 – voir procès-verbal de mise en cercueil page 345)

· En 1823, le docteur Henry enverra à Hudson Lowe de nouveaux détails sur l’autopsie, pour répondre à sa demande d’éclaircissements à la suite de sa lecture du livre d’Arnott paru en 1822. Cette lettre d’Henry fait figure de rapport semi-officiel de l’autopsie de Napoléon. Voir cette lettre du 12 septembre 1823. (Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 328)

· Bertrand annonce ce jour, au cardinal Fesch, dans une lettre d’ailleurs banale, le décès de l’Empereur : « …Il paraît qu’il est mort de la même maladie que son père, d’un squirre au pylore ; dans les derniers temps de sa longue maladie, il en avait soupçonné la cause… » ; il écrit à Louis Bonaparte dans les mêmes termes.

· Montholon écrit à sa femme : « …Tout est fini ma bonne Albine, l’Empereur a rendu le dernier soupir hier à six heures moins dix minutes. Son agonie a duré douze heures, elle a été affreuse en apparence, mais rien en peut exprimer le calme et la résignation avec laquelle il a supporté les douleurs déchirantes. L’ouverture de son corps a prouvé qu’il était mort de la même maladie que son père, un squirre ulcéreux à l’estomac près du pylore. Les sept huitièmes de la face de l’estomac étaient ulcérés. Il est probable que depuis 4 ou 5 ans l’ulcère avait commencé. C’est dans notre malheur une grande consolation pour nous d’avoir acquis la preuve que sa mort n’est et n’a pu être en aucune manière le résultat de sa captivité ni de la privation de tous les soins que peut-être l’Europe eût pu offrir à l’Empereur. On travaille activement à tous les préparatifs nécessaires pour son inhumation. Il sera enterré à la fontaine de M. Forbett, au-dessous de la maison Ibbetson à Hut’s Gate. Hier, il a été exposé dans la chapelle ardente. Une immense quantité de personnes est venue défiler devant le lit…L’Empereur m’ayant chargé de l’exécution de toutes ses volontés, j’ai é répondre à mille et une questions, et à peine ai-je le temps de t’écrire. Son testament est entre nos mains. J’attends pour l’ouvrir de savoir si le gouverneur veut y assister, le cas ayant été prévu par l’Empereur. Mais tout nous porte à croire que bien des larmes couleront quand il sera lu… » («Lowe Papers » ADD 20 158, f. 27 - « Lettres du comte et de la comtesse de Montholon – 1819-1821 » - Philippe Gonnard – 1906 – p. 79 à 82)

· On lira le 8 juillet prochain dans « The Statesman » ce qu’un officier anglais avait alors écrit : « …Une foule énorme s’est portée hier et aujourd’hui pour le voir. C’est l’un des plus extraordinaires spectacles auxquels j’aie assisté de ma vie… »

· Le soir même, le capitaine Crokat, officier d’ordonnance à Longwood est parti à bord de l’Achéron pour porter en Angleterre la nouvelle de la mort de l’Empereur, ainsi que le procès-verbal d’autopsie de son corps. (« Mémoires de Marchand » - Bibliothèque napoléonienne – Tallandier – Paris – 1991 – p.341) Il semblerait qu’il ne partira que le 7 au soir, à bord du Heron. Il arrivera en Angleterre le 4 juillet.

· La consternation régnait à Longwood, car le masque n’était toujours pas réalisé, alors que la dégradation des chairs progressait d’heure en heure : « …A huit heures, on devait faire le plâtre de la figure de l’Empereur mais on n’avait pas ce qu’il fallait. La figure de l’Empereur paraissait alors plus jeune qu’il n’était, d’environ 40 ans. A 4 h du soir, sa figure était toute différente, il avait l’air plus âgé qu’il n’était réellement… » (Bertrand 390 AP25, f. 65 – Ce texte du manuscrit de Bertrand est transcrit de façon incomplète dans l’ouvrage de Fleuriot de Langle - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 355) Gorrequer écrit à Wynyard : « …Quelques portraits ont été tentés avant et après qu’il ait été habillé mais je n’en ai cependant pas vu un seul de ressemblant. Les meilleurs essais ont été ceux tentés après l’autopsie, mais à ce moment-là, il y avait eu un grand changement dans son aspect ; ses traits étaient alors ceux d’un cadavre, quoiqu’encore bien beaux… » (non daté - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 356) Vidal le secrétaire naval, confirme ce changement : « …Son visage, quatorze heures après sa mort, était un des plus intéressants qui puisse être imaginé mais, à cause de la chaleur extrême du climat, la dégradation a été tellement rapide que, peu de temps après, ses traits se sont affaissés et, lorsqu’il a été exposé sur son lit mortuaire, après l’autopsie, sa physionomie avait subi une altération totale… » (Article paru dans le « Times » en date du 11 juillet 1821 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 355)

· Le docteur Burton se procura à Jamestown une petite quantité de plâtre de « Paris » qui seul convient aux opérations de moulage de masque funèbre. Un enseigne lui indiqua que dans un îlot situé au sud-est de Sainte-Hélène, Georges Island, se trouvaient des cristaux de gypse. La nuit, Burton, avec quelques matelots, monta sur une chaloupe et, par une mer périlleuse, accosta le récif. A la lueur des torches, il recueillit ce qu’il put de gypse et, revenu à la ville, le calcina et le broya assez adroitement pour recueillir une quantité suffisante d’un plâtre gris, semblable à l’argile, mais qui pourrait servir au moulage. Il ne perdit pas un instant pour l’apporter à Longwood. (Octave Aubry- « Sainte-Hélène – t. II - La mort de l’Empereur » Flammarion – 1925 – p. 62)

· Antommarchi s’essaya à plusieurs reprises sans succès, à prendre un masque de l’Empereur, et après l’autopsie, il finit par renoncer à son projet. Mme Bertrand demanda alors aux médecins anglais s’ils connaissaient un moyen de réaliser le masque mortuaire. Le docteur Burton proposa de s’en charger, en fabriquant lui-même le plâtre nécessaire, précisant qu’il connaissait un endroit de l’île où il y avait du gypse[4]. Avec empressement on lui donna toute liberté pour une dernière tentative. Accompagné de l’enseigne John Ward, lui aussi officier au 66e régiment, Burton alla chercher les minéraux nécessaires, qu’il fit cuire, et fabriqua un plâtre rudimentaire, mais suffisant. Il reviendra à Longwood le 7 en après midi. (Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 356)

· En 1821, Abraham Millington est sergent d’artillerie à Sainte-Hélène. Quelques temps après la mort de Napoléon, le « Journal de Ceylan[5] » publie un récit de ce sous-officier sur la mise en bière de l’Empereur. « La Sentinelle, journal des intérêts de l’Armée française » en donne une traduction dans son numéro du 16 juillet 1838. La voici : « …Dans la journée du dimanche 6 mai 1821, où je me trouvais à l’Eglise. Je fus appelé et chargé de construire un cercueil pour le général Napoléon Bonaparte. Lundi 7 mai, on m’ordonna de me rendre à Longwood House, afin de renfermer le corps du général dans un cercueil d’étain, ce qui fut exécuté de la manière suivante, en présence des généraux Bertrand, Montholon, de Mme Bertrand, du chapelain français, du chirurgien français, de M.A Darling, du docteur Rustop, médecin du 20e régiment d’infanterie, de plusieurs serviteurs du défunt et de Samuel Ley, soldat du 20e. Le corps du général Napoléon Bonaparte revêtu d’un uniforme complet a été déposé d’abord dans un cercueil d’étain garni intérieurement de coton ; ce coton était recouvert d’une étoffe de soie blanche : son chapeau à trois cornes a été déposé sur ses cuisses. A sa poitrine gauche se trouvait une étoile d’or, une croix d’argent et plusieurs autres médailles d’or : dans le fond du cercueil furent jetées de pièces de monnaie toutes différentes de grandeur et de valeur. Son cœur a été déposé dans une urne d’argent pleine d’alcool, sur laquelle je soudai un couvercle d’argent, pour la poser ensuite entre ses jambes. L’estomac enfermé dans un vase d’argent en forme de cruche et plein d’esprit de vin y fut également placé. On y joignit une assiette en argent, un couteau, une fourchette, une cuiller et une tasse. J’avais d’abord soudé le couvercle du cercueil, qui était également doublé de coton et recouvert d’une étoffe de soie blanche : puis toutes ces choses furent déposées dans le cercueil, j’enfermai la dernière ouverture. Un cercueil d’étain fut ensuite enfermé dans un cercueil en mahagony[6] que l’on enferma à son tour dans un cercueil de plomb, qui fut recouvert d’un cercueil en mahagony, de manière que le corps se trouvait de quatre cercueils… » En lisant avec quel qu’attention ce document qui ne contient pas de sensationnelles déclarations, on constate qu’il est bien difficile de connaître la vérité sur un événement qui aurait dû, semble-t-il frapper les assistants. Le premier cercueil de Napoléon était-il en étain, en fer-blanc[7] ou en zinc ? Le traducteur du récit de celui qui l’a fabriqué écrit : « …en étain… » ; mais : « tin » en anglais signifie étain et fer-blanc ! Marchand, Ali, le procès-verbal d’ensevelissement, puis Octave Aubry, Jean Bourguignon etc., écrivent : « …fer blanc… » Albéric Cahuet dans « Retours de Sainte-Hélène » p. 109, raconte : « …Un serrurier qui en 1821 souda l’enveloppe de zinc…Millington est ici un ouvrier civil… » Un témoin cité par M.A. Pardec dans « Un drame historique, Sainte-Hélène » remarquablement documenté, écrit : « …Le corps de l’ex-Empereur est renfermé dans un triple cercueil : le premier en acajou d’un pouce d’épaisseur[8] doublé de fer blanc, celui-ci couvert ensuite de satin blanc, ainsi que l’oreiller et le matelas. Le cercueil extérieur a été fait avec de l’acajou espagnol fermé avec des écrous d’argent… » Le même auteur écrit que Millington était plombier ; Arnold Chaplin[9] qu’il est armurier, sans préciser s’il est militaire ou non. Selon Octave Aubry, il est sergent armurier à la page 262, note 3, et plombier à la page 317. Le docteur Rustop signalé par Millington est en réalité George Henry Rutledge chirurgien en second au 20e régiment d’infanterie[10]. Or le docteur Ruteldge entré dans l’armée comme infirmier en 1809, a laissé dans les « Lowe papers » un récit de son importante mission : « …A 7 h 30 de l’après-midi, j’ai placé le cœur dans un vase d’argent que j’avais préparé à cet effet et rempli d’esprit de vin, puis j’ai soudé le couvercle ; ensuite, j’ai placé l’estomac dans une boîte à poivre[11] en argent, sans aucun préservatif qui puisse empêcher les progrès de la putréfaction… » Y avait-il de l’esprit de vin dans la boite où fut enfermé l’estomac ? Millington qui prétend avoir soudé le vase : « …en forme de cruche… » l’affirme. Rutledge qui soutient lui aussi avoir soudé la boite à poivre, le nie. A-t-il des raisons pour cela ? Commis spécialement par le gouverneur à veiller sur l’estomac et s’assurer qu’il a été déposé dans le cercueil peut-être parce que le cancer héréditaire n’était pas tellement certain. Rutledge n’a point protégé cette pièce à conviction, ou du moins il l’affirme. Cependant Marchand écrit : « …Ces deux vases d’argent remplis d’esprit de vin furent fermés hermétiquement et soudés par un plombier anglais… » ; et plus loin : « …Le même homme qui avait soudé les vases, souda ce premier cercueil avec soin… ». Selon le procès-verbal d’ensevelissement, le vase contenant le cœur est surmonté de l’aigle impériale et, contrairement à ce qu’affirme Millington, plusieurs pièces de même valeur ont été déposées dans le cercueil. Il est vrai que le dit procès verbal atteste que : « …le cercueil de fer-blanc a été placé dans un autre de plomb, lequel après avoir été également soudé, a été renfermé dans un troisième cercueil d’acajou… » Pourtant le procès-verbal de l’exhumation signale quatre cercueil ! Le sujet est inépuisable. Samuel Ley a été dégradé par Millington qui n’était pas soldat, mais caporal au 20e régiment d’infanterie. Etc… Ajoutons un détail : les cercueils en acajou ont été construits par un menuisier hélènois, James Metcalf qui avait fait plusieurs réparations au mobilier de Longwood, dont une à celui du salon les 16 et 17 avril 1821 ; pendant qu’il achevait son ouvrage, il aperçut l’Empereur très affaibli. L’arrière-petit-fils de Metcalf, M. Hands, habitait Sainte-Hélène en 1929. L’un des cercueils, au moins, fut fabriqué avec le bois d’une très grande table de salle à manger fournie par le lieutenant James Bennett, du régiment de « l’Honorable Compagnie des Indes ». Cet officier habitait Chubb’s Springs près des Briars ; il mourut en 1835. La tombe fut creusée et le caveau construit par deux sapeurs du génie de la « Compagnie John Warren et James Andrews, d’après les plans de leur chef, le major Emmett. Voici les extraits de son journal dans « The Century Magazine », janvier 1912. Les travaux étaient conduits par Andrew Darling[12] contremaître envoyé dans l’île par l’ébéniste George Bullok de Londres, chargé par le gouvernement de S.M.B de meubler la nouvelle maison de l’Empereur. Darling régla la pompe funèbre de Napoléon et, en 1840, les détails de l’exhumation. Un manuscrit du contremaître, racontant les funérailles de l’Empereur, a été découvert au château de Jamestown parmi de vieux papiers, et publié dans le supplément littéraire du «Times » le 30 septembre 1915. (« Revue du Souvenir napoléonien » n° 90 – novembre 1955 – p. 2 et 3)

· Lisons le journal d’Andrew Darling[13] qui avait été chargé de préparer les funérailles : « …Vers 8 h, je[14] suis allé avec le général Montholon dans la salle où il se trouvait et je l’ai vu. J’étais très surpris de le voir si amaigri, mais en même temps, il semblait si bien, si jeune, avec un visage agréable… » (Andrew Darling « Napoleon’s Funeral – A lost record » publié dans « The Time Literary Supplement » du 30 septembre 1915 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 340) « …l’ensemble doit se composer de, primo, un cercueil en étain, doublé de satin…secundo, un cercueil en bois puis, tertio, un cercueil en plomb ; puis un autre en acajou couvert de velours rouge si l’on peut s’en procurer ; mais je leur fis remarquer qu’il n’y en avait pas dans l’île. On décide alors que le cercueil extérieur sera fabriqué avec le meilleur acajou dans l’île, ce qui est mis en exécution…Je sors et mets le gouverneur au courant…Je rentre peu après et obtiens du général Montholon une note écrite sur les cercueils… » ; il prend ensuite les mesures : « …Les dimensions nettes étaient les suivantes : longueur, 5 pieds 11 pouces, profondeur 12 pouces, largeur de la tête 10 pouces et demi, des épaules 21 pouces, le pied 8 pouces. A ce moment-là, j’avais compris qu’il devait être exposé en grande tenue [pour les visiteurs], et devait être autopsié à 2 h [de l’après-midi], mais on ne m’avait pas informé qu’il devait être placé dans son cercueil coiffé de son chapeau et avec ses bottes, de la même façon qu’il avait l’habitude de s’habiller en grand uniforme… » Darling avait prévu de la marge, par rapport à la taille et à la corpulence de Napoléon. La longueur du cercueil comptait 5 pieds 11 pouces, en unités anglaises[15], ce qui revenait à 1,80, alors que Napoléon mesurait 1,68 m. Darling avait donc ajouté une marge de 12 cm, évidemment insuffisante pour coiffer l’Empereur de son bicorne. Darling se rend ensuite à Jamestown : « …Vers 10 h, j’ai quitté Longwood pour Jamestown. J’ai alors reçu l’ordre du gouverneur de me hâter le plus possible et si nécessaire d’utiliser son nom pour requérir hommes et matériaux. Une fois à Jamestown, j’ai déjeuné avec M. Cole, le commissaire de la ville, et lui ai en même temps demandé d’aller chercher les hommes qui allaient m’être le plus utile, les uns à l’église, car c’était dimanche, les autres à la campagne ; ensuite, avec l’aide de Mme Borman[16], de M. Metcalfe[17], de M. Borman[18] et d’autres, nous avons terminé les cercueils en fer-blanc, en bois et en plomb vers une heure du matin, avec les garnitures demandées… » (Georges Rétif de la Bretonne- « Anglais, rendez-nous Napoléon » - p.243-244 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 341-342)

· Les travaux entrepris dès le 6 pour l’établissement de la tombe s’achèvent dans cette journée. Lowe, après avoir pris l’avis de Montholon, avait fait creuser la fosse dans la minuscule vallée du Géranium. 12 pieds de profondeur sur 8 pieds de long et 5 de large. Les quatre côtés étaient puissamment maçonnés, comme le fond sur lequel on plaça huit pierres d’un pied de haut. On bâtit sur elles une sorte de sarcophage en pierres de Portland, « une auge », dit Ali (p. 296), destinés à contenir le cercueil. Une grande dalle devait la clore. Dessus, la terre amoncelée devait être recouverte par trois autres dalles de 8 pieds sur 4 de large et 5 pouces d’épaisseur, empruntées au pavement de la cuisine de New Longwood. Les travaux furent exécutés par des soldats du génie sous la direction du major Emmet. (« Lowe Papers » 20 133) « The Courier » du 9 juillet écrira : « …Toutes les précautions ont été prises pour que le corps ne puisse être distrait, et l’on assure que ces précautions sont l’effet d’un commun accord entre le commissaire français et les autorités anglaises de l’île… »

· Le major Gorrequer note dans son journal une réflexion du gouverneur : « …Je ne considère par Napoléon comme un homme de talent ou de jugement supérieurs. En fait, je le trouve vraiment médiocre… » (Major Gidéon Gorrequer – « Journal privé » édité avec préface et notes par J. Kemble sous le titre « Gorrequer’s Diary » - Londres – 1969 – non traduit en français - cité par Joseph de Mougins-Rochefort - « Napoléon prisonnier, vu par les Anglais » - Tallandier – 1978 et 2006 – p.187)

· Gorrequer commence une longue lettre, qu’il va continuer les jours suivants, à l’intention du général Bingham : « …Il est mort virilement, noblement, sans plainte ni murmure, sans invectives, ni lamentations, ni remords. Il a reçu l’extrême-onction avant de mourir. De six heures du matin à six heures du soir, dans la journée d’hier, tous ses compagnons, du plus grand au plus humble, entouraient son lit dans un profond silence, jusqu’à l’instant de sa fin. On a pris de lui quelques croquis, mais tous sont bien au-dessous du modèle. Je n’ai jamais vue une tête aussi belle que la sienne en cet instant. Toute la chair superflue, la couleur olivâtre de son teint avaient disparu et ne laissaient voir que ses harmonieuses proportions, telles qu’elles avaient pu être douze ou quinze ans plus tôt. Plusieurs de ceux qui l’on vu s’accordent à dire qu’il ne paraissait pas plus de 40 ans, et c’est certainement exact, moins peut-être, à mon avis. Ses cheveux avaient gardé leur couleur brun foncé et on ne voyait sur sa figure ni ride, ni la moindre trace de flétrissure…Après l’autopsie, ses serviteurs le revêtirent de son uniforme…Sur son lit de parade, tous les officiers, les habitants les plus respectables de l’île et une grande partie de la troupe du 20e régiment furent admis à le voir. Tous ceux qui en firent la demande eurent accès à la chambre mortuaire, avant et après la mise en bière. D’autres croquis furent encore faits, mais de tous les dessinateurs qui tentèrent de capter sa ressemblance, aucun ne m’a paru avoir vraiment réussi… » (Joseph de Mougins-Rochefort - « Napoléon prisonnier, vu par les Anglais » - Tallandier – 1978 et 2006 – p.197-198)

· Gorrequer décrit la dépouille de Napoléon : « …Je n’ai jamais vu son visage paraître aussi beau qu’à ce moment-là ; toute la profusion de graisse, de bajoue, et en fait toute la chair superficielle et le teint cireux avaient disparu, et avaient laissé place à un aspect bien proportionné comme il avait sans doute été douze ou quatorze années auparavant. Un doyen, parmi ceux qui l’ont vu, a été d’accord en disant qu’il ne paraissait n’avoir pas plus de 40 ans, et c’est certainement le cas, et moi je pense qu’il paraissait encore plus jeune. Ses cheveux, malgré leur finesse, avaient gardé leur couleur naturelle, marron foncé ; pas une ride, ni la moindre entorse au visage…Je ne me suis presque pas couché les deux premières nuits et, dans l’attente de la catastrophe, [suis resté] principalement à Longwood[19] pendant plusieurs jours, depuis le matin de très bonne heure jusqu’au tard… » (Bingham – Lettre n° 40 de Gorrequer à Wynyard - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 322)

· Toujours à Bingham, Gorrequer précise : « …Diverses tentatives pour sa ressemblance furent faites avant et après qu’il fut habillé ; je n’en ai cependant vu aucune vraiment telle. Un masque de plâtre de Paris fut aussi pris de lui et un buste fait de ce masque, qui est maintenant dans la possession de Mme Bertrand… ». Cette note, précieuse à bien des égards, puisqu’elle authentifie la première épreuve qui ait été tirée, n’apprend ni quand, ni par qui, ni dans quelles conditions le masque a été pris. Or, un document annoncé il y a quelque vingt ans (décembre 1888) dans la « Revue des Autographes » permet de répondre à ces questions tout en précisant comment et pourquoi le masque est authentique, d’expliquer pourquoi il est incomplet ; en même temps de démontrer quelle valeur il convient d’attribuer aux dires d’Antommarchi. « …Le masque de Napoléon n’a pas été fait par Antommarchi ; extrait d’une leçon du Dr. Gravel[20]…Même quand le plâtre eut été recueilli et préparé par le Dr. Burton, Antommarchi refusa encore de faire le moule… » ; ceci ressort d’une lettre du Dr. Burton à Mme Bertrand en date du 22 mai 1821. (Frédéric Masson – « Autour de Sainte-Hélène » - Société d’édition littéraire et artistique - Paris – 1909 – p. 149-150)

· Le soir, on transforma la petite chambre à coucher de Napoléon en chapelle ardente, où la dépouille fut exposée en grand apparat. (« Lowe Papers » ADD 20 133 f. 219 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 335)

· Les visiteurs se pressaient déjà aux portes de Longwood pour rendre un dernier hommage à celui qui avait dominé son temps : « …Le plus grand nombre a pris la main de l’Empereur ; plusieurs femmes ou officiers n’ont pu retenir les larmes. A 5 h 30, tout le monde avait passé. De 5 h 50 à 6 h, plusieurs officiers sont rentrés une deuxième fois. De 6 à 8 h, lorsqu’on a su qu’il n’y avait aucune difficulté pour voir le corps de l’Empereur, tout le 20e régiment s’est habillé ; les supérieurs et ensuite un grand nombre de soldats, de 7 à 9 h, ont défilé… » (Bertrand- 390 AP25, f.67 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 328 à 330)

· Le jeune enseigne Duncan Darroch du 20e régiment d’infanterie écrit à sa mère : « …Le comte Bertrand se tenait à la tête du lit, vêtu de noir. Le prêtre était agenouillé à son flanc, tandis qu’un domestique, le seul être présent qui semblât avoir quelque vitalité, ne la manifestait qu’en chassant les mouches. Sa physionomie était sereine et placide ; elle s’était creusée, bien entendu. Ses traits étaient beaux et accusés, sa main fort délicate et petite et d’une très belle couleur. Un crucifix reposait sur sa poitrine. Il avait un nez remarquablement beau. On l’avait, en le retournant sur le lit, meurtri un peu… », la mémoire lourde de souvenirs des grands événements de l’épopée napoléonienne, Darroch laisse courir sa plume sur l’effroi que l’a saisi à la vue : « …d’un homme, qui avait causé à l’Europe et au monde tant d’embarras, gisant dans une petite chambre sur son habit militaire et son lit de camp, en grande tenue, avec deux seulement de ses généraux auprès de lui… » (Eugène de Veauce - « Les masques mortuaires de Napoléon » - 1971 – p.15-16)

· Duncan Darroch écrit encore à sa mère : « …Je l’ai vu étendu en grande tenue. C’était un spectacle d’une grande tristesse. Nous nous sommes assemblés à Longwood vers 4 h. Il y avait presque tous les officiers et civils de l’île…La première chambre était vide à l’exception d’un des serviteurs. Dans la seconde, il y avait la comtesse Bertrand. Elle paraissait misérablement malade et pâle, et ses yeux étaient rouges et gonflés…Elle a dit qu’elle ne s’était pas reposée depuis six jours et six nuits, qu’elle était contente que la maladie dont il était mort était telle qu’il était impossible qu’il fût sauvé, ou que le climat n’ait pu avoir aucun effet sur lui. C’était un cancer à l’estomac. Son père en est mort lui aussi. Elle a dit qu’elle espérait être autorisée à rentrer – maintenant que tout était fini – …Il était en grand uniforme, vert, avec des parements rouges, des culottes, des longues bottes, un bon nombre de décorations sur sa poitrine, une épée à son côté et un chapeau à corne par-dessus, et aussi des éperons. Il reposait sur le lit de camp en fer qu’il avait toujours emporté, et au-dessus duquel il y avait son manteau militaire sur lequel il reposait. Vêtu de noir, le comte Bertrand se tenait debout à la tête du lit. A ses côtés, le prêtre était agenouillé, et un serviteur témoignait, en repoussant les mouches, être la seule personne vivante dans la pièce…Je ne sais pas ce qu’auraient donné des milliers de gens pour voir ce que j’ai vu… » (Sir Lees Knowles- « Letters of Captain Engelberg Lutyens, feb 1820 to nov. 1823” – John Lane – 1915, letter de Darroch – 6 mai 1821. Une traduction a été publié par Marie-Antoinette Pardee, dans la « Revue des Etudes napoléoniennes » - volume 10 – 1935, avec quelque omission cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 336)

· Il est généralement admis que l’Empereur n’avait pas reçu l’extrême onction. Ce point a été confirmé à ceux, parmi les visiteurs, qui se préoccupaient de son âme. L’un d’eux, le jeune officier protestant George Wood témoigne : « …Tout le monde dit qu’il ne s’était jamais inquiété de la mort, comme le docteur A[rnott] le sait lui aussi et à qui il parlait avec un calme philosophique de sa fin proche…Il y a une chose certaine, c’est qu’il ne croyait pas en l’efficacité du sacrement papal de l’extrême onction car il n’en voulait pas, et ne l’a pas reçue. Mais un jour ou deux avant sa mort, en sachant qu’il allait mourir, il avait reçu avec grande sincérité et dévotion le sacrement du Dernier Soupir… » (attribué à George Wood – « Memoir of a youg officer of the Royal Navy who died a St-Helena, 17.12.1820, aged 22 years – Nisbet – London – 1827 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 337)

· Bertrand écrit à son frère : “...Mon frère, l’Empereur après une pénible maladie a rendu hier le dernier soupir à 5 h 49 minutes de l’après-midi. il parait qu’il est mort de la même maladie que son père, d’un squirre au pylore (sic). Nous ne tarderons pas à revenir en Europe. La santé de ma femme est dans un état déplorable. Mes 4 enfants se portent bien... » (Fleuriot de Langle – « Napoléon et son geôlier » - Ed. André Bonne – 1952 – p. 196)

· Lowe écrit à Bathurst : « …Il est de mon devoir d’informer Votre Seigneurie que Napoléon Bonaparte a expiré dix minutes environ avant six heures du soir, le 5 mai 1821, après une maladie qui l’avait gardé alité depuis le 17 mars dernier…A 2 h aujourd’hui, le cadavre a été ouvert en présence des médecins suivants…Le professeur Antommarchi a prêté son assistance à l’autopsie. Le général Bertrand et le comte Montholon étaient présents. Après un examen détaillé de plusieurs parties internes du cadavre, l’ensemble des médecins présents sont tombés d’accord au sujet de leur aspect. Leur rapport est ici inclus. Je vais ordonner que le cadavre soit enterré avec les honneurs dus à un officier général du rang le plus élevé. J’ai confié cette dépêche au capitaine Crokat du 20e régiment de S.M qui était l’officier d’ordonnance auprès de la personne de Napoléon Bonaparte au moment de son décès. Il s’embarque à bord du sloop de S.M le Heron, que le contre-amiral Lambert a détaché de l’escadre sous son commandement pour porter cette information… » (« Lowe Papers » ADD 20 133 - Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 337)

· A Longwood, la surveillance de Rutledge fut, semble-t-il, efficace. Plusieurs mois plus tard, après la parution de l’ouvrage d’Arnott, Hudson Lowe lui réclama des éclaircissements. Rutledge lui envoya son rapport d’alors. Il l’avait remis à Thomas Reade, sans que ce dernier n’ait jugé utile, sans doute, de le transmettre au gouverneur au moment des faits. Hudson Lowe en pris donc connaissance pour la première fois en 1822 : « …Le 6…Le cœur et l’estomac ayant été retirés du cadavre, ont été placés dans un vase d’argent devant moi, et sir Thomas Reade m’a ordonné, sur ordre du gouverneur, de ne perdre de vue ni le corps, ni le vase, afin d’empêcher que les cavités du corps ne soient rouvertes pour en retirer quelques parties, et pour ne pas permettre que les contenus du vase soient déplacés sans un ordre de sa part. Ceci a entrainé des pressions de la part de Mme Bertrand pour qu’on lui permette de garder le cœur afin de l’emporter avec elle en quittant l’île. Au cours de la soirée, Mme Bertrand m’a informé que, dans l’espace des quatre années qui avaient précédé le décès de Bonaparte, il s’était beaucoup plaint d’une douleur lancinante dans la partie infectée, bien que la santé du général ne semblât guère en être affectée. La digestion était tolérable jusqu’aux cinquante derniers jours, à partir desquels il a eu de sérieuses appréhension sur sa situation. Elle l’avait souvent entendu dire, depuis leur arrivée dans l’île, chaque fois qu’il était dans un état d’abattement ou qu’il se sentait particulièrement indisposé, qu’il craignait une maladie à son estomac….Selon mon enquête, ses serviteurs m’ont dit qu’il avait toujours éprouvé de la douleur et de la difficulté à passer les eaux, qu’il restait fréquemment cinq minutes et quelquefois plus longtemps, avant que son urine ne passe, et alors ce n’était que quelques gouttes, et cela se terminait généralement par une petite évacuation, de la quantité d’un verre de vin environ…Le 7. Mme Bertrand et Antommarchi ont augmenté leurs pressions sur moi, à peu près depuis le moment où le corps et le reste ont été laissés hier sous ma charge. Mme Bertrand a tenté ses pouvoirs les plus persuasifs pour obtenir le cœur, et Antommarchi me priait absolument de lui donner l’estomac, afin disait-il, de lui permettre de montrer aux proches et aux amis de Bonaparte que sa mort avait été causée par un mal incurable et pour qu’on ne puisse le blâmer du résultat infructueux de ses soins… » (« Lowe Papers » ADD 20 133 – f. 150-152 cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 338) Dans son ouvrage, Antommarchi a affirmé s’être saisi d’un morceau de l’estomac. Cet acte a pu être possible lors de l’autopsie, d’autant que Saint-Denis rapporta une telle circonstance : « …Avant de coudre le corps, Antommarchi, saisissant le moment où des yeux anglais n’étaient pas fixés sur le cadavre, avait extrait d’une côte deux petits morceaux qu’il avait donnés à Vignali et à Coursot… » (Saint-Denis - cité par Albert Benhamou - « L’autre Sainte-Hélène » - Albert Benhamou Publishing – Londres - 2010 – p. 338-339)



[1] Réflexion faite après l’autopsie.

[2] 1789-1833. Arrivé à Sainte-Hélène en 1819 comme chirurgien-assistant auprès d’Arnott au 20e régiment. Après sa mission à Sainte-Hélène, le régiment fut envoyé en Inde, ou Rutledge mourra en 1833, frappé par l’épidémie de choléra qui ravageait le monde.

[3] Il est aidé par Ali.

[4] A Prosperous Bay.

[5] « Ceylan Chronicle »

[6] Bois fin, dur et plus précieux que l’acajou.

[7] Le fer-blanc est une tôle de fer recouverte d’une couche d’étain.

[8] 0,023 m

[9] A St. Helena Who’s Who.

[10] Archibald Arnott, chirurgien en premier, assistait également à la mise en bière.

[11] Pepper box.

[12] 1784-1841.

[13] Thomas Reade n’avait pas transmis les rapports de Darling au gouverneur. Ce document a été retrouvé dans les archives de Sainte-Hélène au siècle dernier. Voir Revue du Souvenir napoléonien de février-mars 2003.

[14] Darling était un habitué de Longwood, car il s’occupait des réparations et des travaux de décoration. Il a souvent eu l’occasion de rencontrer l’Empereur.

[15] Le pied anglais est de 30,5 cm alors que le pied français est de 32,5 cm ; la subdivision est la même : un pouce est égal à un douzième de pied, et une ligne à une douzième de pouce.

[16] Mary Borman. Elle prépara l’intérieur du cercueil en fer-blanc en le capitonnant avec un matelas, du coton et de la soie.

[17] Metcalfe était aussi connu de Longwood ; il était menuisier et charpentier et a réalisé les cercueils en bois.

[18] George Borman était le plombier et il était bien connu à Longwood. Il avait aidé à la mise en fonctionnement des bassins d’agrément que Napoléon avait fait construire dans ses jardins. Il fabriqua les cercueils en métal.

[19] Avec d’autres personnes Gorrequer s’était installé à la nouvelle maison.

[20] Se dit cousin de Burton.

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